Développer un jeu qui combine infiltration pure et dure ainsi que vampirisme, voilà une bien belle idée que l’on doit aux allemands de chez Realmforge Studios. Vous vous souvenez peut-être de Vampire Rain, flop monumental sorti en 2007, et vous voulez plonger sur ce nouveau venu, au doux nom de "Dark". Seulement tout n’est pas noir au pays des vampires, et quand la lumière du jour apparaît, c’est une triste déception qui se dresse devant nous. Bienvenue dans le monde d’Eric Bane...
En l’espace de quelques minutes vous voici aux côtés de notre héros, Eric, qui subit le « lendemain de la veille » au beau milieu du Sanctuary, une boîte de nuit gothique. En fait non, il ne s’agit pas de quelques verres en trop mais bien d’un chamboulement dans sa vie : son sang vient d’être sucé par un vampire ! Mais que lui arrive-t-il ? Que va-t-il se passer ? Eh bien vous allez faire évoluer ses petits pouvoirs en grands pouvoirs comme le plus terrible des grands vampires. C’est un objectif intéressant avouez ! Bon d’accord, c’est vrai le background aurait pu être bien plus accrocheur. On se sent lésé d’entrée de jeu et ce n’est pas la suite qui fera remonter notre estime. Mise en scène bâclée, animations d’une autre ère et incohérences de gameplay nous apparaissent en pleine face comme par exemple la couverture qui fonctionne une fois sur deux ou encore le nombre de raté de la téléportation, intitulée ici « bond-obscur ».
Une fois le staff du Sanctuary présenté et le petit tutoriel effectué, la première mission débute, rendez-vous donc au musée. On avance à pas de loup, en essayant de ne pas se faire repérer par les ennemis qui bougent d’un point A à un point B sans jamais nous offrir l’intérêt d’analyser leurs déplacements. L’un arrêté au stade du « je monte l’escalier, je descends l’escalier » et le second au « je regarde à gauche, je regarde à droite », autant dire qu’on aurait bien envie de foncer dans le tas. Mais il ne faut surtout pas ! Eric a la possibilité d’acquérir d’autres bons pouvoirs vampiriques, huit actifs et quatre passifs, mais aucun ne permet une approche offensive franche, il faut donc rester à couvert. Ce n’est clairement pas l’IA des ennemis qui vous aidera à réaliser votre mission facilement. Non pas qu’elle soit poussée, mais bien à cause de son niveau « huître ». Les ennemis décérébrés qui vous entourent sont soit aveugles, soit dotés d’implants bioniques qui boostent la vision, c’est aléatoire. Un bruit suspect ? Ils se contentent d’aller voir là où le bruit s’est fait entendre. Intrus repéré ? Essayez d’échapper aux balles de ces ennemis qui ne se mettront jamais à couvert, et n’espérez pas vous défendre avec un de ses flingues qui jonchent le sol, Eric a une intolérance aux armes et n’utilise que ses pouvoirs…
Dark ne manque pourtant pas de bonnes idées. La boîte de dialogue ayant déjà fait ses preuves, comme dans Mass Effect. Le système d’expérience qui récompense grandement la discrétion totale et les niveaux parfaits. Le choix entre la possibilité d’exécuter rapidement un ennemi ou de lui sucer le sang (ceci étant plus risqué car plus bruyant) permettant alors de remplir une jauge de magie utile pour les pouvoirs actifs. Ces derniers ayant des cooldowns assez longs, évitant leur abus d’utilisation. Ces bons côtés tombent malheureusement souvent à plat, la faute à un gameplay à l’approximation frustrante et à cette intelligence artificielle décadente. Pourtant Dark est également loin d’être vilain visuellement avec son cell-shading bien sympa. Mais là encore, le titre de Realmforge Studios dérape. Les clichés sont nombreux, avec un héros amnésique, une boîte de nuit comme repère, des personnages sans charisme, du déjà vu et revu. Les cutscenes à la réalisation inspirée d’un montage amateur de film de seconde zone et les monologues insipides du héros ne font que ternir encore les promesses ludiques de Dark.
Ce que l’on pourra au final retenir de ce titre c’est son envie de faire quelque chose de bien, sans y arriver. Les bonnes idées sont nombreuses mais l’entièreté du jeu est ternie par une réalisation d’un autre âge. Même Vampire : The Mascarade sorti en 2000 et son second volet en 2004 réussissent à mieux faire encore maintenant. Et cette IA digne de l’époque Qbertienne, il n’y a pas de mot... Proposé au tarif excessif de 44,99€ sur Steam, en comptant moins de huit heures pour boucler l’histoire, pour autant que s’en soit une, et aucune rejouabilité (à moins que, pour une séance de torture), ressortez votre bon vieux Metal Gear Solid de 1997 pour pouvoir trouver un vrai moment d’infiltration ludique.
Note globale : 07/20