C’est au Québec, et plus précisément dans la ville du même nom, que nous faisons escale cet hiver pour rendre une petite visite à nos amis canadiens de Fika Productions et papoter un peu sur leur dernier travail : Ship of Fools. Littéralement "le Navire de Fous" ou "le Bateau des Imbéciles" c’est à l’appréciation de chacun, mais je peux d’ores et déjà vous affirmer que les deux définitions lui conviennent à merveille.
Édité par Team17, déjà connu de nos services avec les jeux Hell Let Loose et Greak Memories of Azur, tous deux ayant obtenu de bonnes notes, Ship of Fools laisse présager une bonne expérience de divertissement, alors sans plus tarder, allons voir de quoi il retourne.
Fika Productions, studio indépendant de développement et d’animation 2D et 3D et dont le nom s’inspire d’un terme suédois "la Fika" signifiant "la pause café", nous propose donc, en test, leur première réalisation vidéoludique. N’allez pas croire que nos compères québécois ne pensent qu’à flâner en sirotant un délicieux latté, il n’en est rien ! Si Antoine Grégoire-Slight, PDG du studio, a vu dans cet emprunt à la langue scandinave un moyen de définir l’état d’esprit de son équipe, il n’en reste pas moins que sa planche dur chez Fika Productions, et ce n’est pas Henri la pieuvre qui nous dira le contraire...
Parfaite transition avec notre charmant céphalopode d’ailleurs, puisque le jeu dont il est question aujourd’hui nous invite à voguer au gré des courants et des embruns, au travers de mers agitées où les dangers ne manqueront pas de nous faire chavirer. Ship of Fools vous confie la barre d’une embarcation pour le moins sommaire et atypique : ni voile, ni rame mais une roue comme seule moyen de propulsion. Ce choix fut sans doute inspiré par quelques navires à vapeur parcourant jadis le Saint-Laurent, grand fleuve canadien qui borde la ville natale de Fika Productions.
Pour revenir à nos palourdes, Ship of Fools se trouve catalogué dans la grande famille des Roguelites. Ces jeux qui vous voient recommencer à votre point de départ après chaque échec, non sans conserver certaines améliorations vous permettant de progresser plus en avant à chacune de vos nouvelles tentatives, mais mettant vos nerfs et votre patience à rude épreuve. Ship of Fools n’échappe donc pas à cette règle, et dès que vous prenez le bouillon, vous voilà de retour, échoué sur la plage de votre Grand Phare, lumière dans la nuit synonyme de salut et de début ou de fin de tout périple en mer.
Ce lieu, qui est de plus propice au commerce, oui une communauté marine plus ou moins fraiche s’y est établie, vous permettra de dépenser les gains acquis difficilement avant de sombrer inévitablement corps et biens avec votre navire, et vous donnera l’occasion d’améliorer votre rafiot de fortune. Ce dernier est pourvu de deux canons, deux canons qui "acceptent" quasiment tout comme projectiles... si si et dont vous pouvez modifier l’emplacement et l’efficacité par le biais de vos achats. Et deux ce n’est vraiment pas de trop, les nombreux ennemis qui vous attendent nécessiteront que vous fassiez progresser votre arsenal, sans quoi vous n’irez pas bien loin matelot.
La progression dans Ship of Fools est bien particulière. Le jeu est composé de trois mondes, que vous pouvez traverser en déterminant un itinéraire personnalisé sur les cartes qui vous sont proposées. Ces cartes sont découpées en cases, changent à chaque partie et ne permettent pas de retour en arrière une fois votre cap choisi. Autant dire qu’il va vous falloir faire preuve de stratégie pour collecter les récompenses qui vous intéressent. En effet, si les cartes changent, votre parcours sur celles-ci sera modifier également selon vos besoin. Mais attention, il faut effectuer des choix judicieux et ne pas perdre trop de temps car une tempête vient à votre encontre inlassablement et vous ne pouvez l’éviter. Immanquablement vous devrez tenter de la traverser, ce qui signifie, en langage de "fou" ou "d’imbécile", « DIDIDI DI DIDIDI DIDI » (traduction française : « nom d’un bigorneau, m’a l’air bien charnu ce Big Boss ! »). Ne vous tracassez pas, si les subtilités de cette langue ne vous sont pas familières, y’a toujours les sous-titres.
Ship of Fools compte 10 personnages que vous pouvez incarnez. Deux sont débloqués dès le début, pour les autres il vous faudra soit les trouver cachés dans les cartes maritimes, soit les rendre disponibles en accomplissant une prouesse technique, comme ne pas être touché une seule fois durant la traversée d’une carte (mouais, Good Luck), ou bien justement à l’inverse, par le biais de votre maladresse (ça c’est plus dans mes cordes) vous faire étourdir 50 fois par exemple.
Chaque personnage possède des particularités, des spécificités modifiant votre style de jeu. Ajoutez à cela des "artefacts" glaner au cours de chaque partie, ainsi que les améliorations effectuées avant d’appareiller, et vous pouvez personnaliser vos voyages afin d’aller au bout de l’aventure ou encore la recommencer pour obtenir tous les personnages cachés et les différents succès, second intérêt des Roguelites en général : tout débloquer !
Mais Ship of Fools ne serait pas Ship of Fools si l’on ne pouvait y jouer en co-op. Ben oui plus on est de fous ou d’imbéciles plus on rit. Si en mode solo le jeu est déjà très amusant, c’est en co-op qu’il prend toute sa dimension. Bien entendu l’expérience solo vaut la peine d’être effectuer, mais nous ne pouvons, nous la rédac, que vous conseiller d’expérimenter le mode co-op avec un ami, si possible qui a le pied marin et qui ne se trouve pas malade à l’idée de naviguer sur un océan totalement démonté (N.B. : toujours prévoir des petits sacs en papier avant de partir). A deux le jeu gagne bien entendu en intérêt et augmente ça rejouabilité de manière conséquente, car c’est aussi ça les Roguelites...rejouer encore et encore.
Ship of Fools est une belle réalisation graphique, on ne peut qu’admirer et apprécier les différents personnages, quant aux créatures qui n’ont de cesse de vous agresser, elles sont tout bonnement à l’image de ce jeu, un chouillas déjantées, très réussies et fantasques. La difficulté est au rendez-vous, surtout si vous cherchez à boucler l’intégralité du titre en obtenant toutes les récompenses et tous les moussaillons disponibles dans ce titre.
Les Roguelites ne sont pas toujours du goût de tout le monde de part leur aspect "répétitif", pour autant Ship of Fools apporte des changements à chaque partie, ce qui lui confère un rendu nettement moins monotone, et amène le joueur à être plus enclin à retenter sa chance. N’étant pas personnellement un grand fan des Roguelites, je dois bien admettre que je me suis pris au jeu, aussi bien en solo qu’en co-op avec mon cher Webmaster. Et que même cet article publié, ça me démange de retourner braver les flots pour compléter ma collection d’imbéciles, ou de fous, enfin je crois qu’ils sont un peu les deux, mais en tout état de cause, ils constituent autant de bonnes raisons de recommencer.
En résumé, et compte tenu de son tarif contenu, Ship of Fools est à recommander aux petits comme aux grands flibustiers. C’est un bon petit Roguelite, original, un rien trop court peut-être, surtout pour les afficionados du genre, mais très bien réalisé graphiquement, très amusant et dont on ne se lasse pas facilement. Il apporte suffisamment de possibilités d’améliorations avant et pendant les parties et les personnages principaux, tout comme les différents interlocuteurs rencontrés au fil de l’eau, sont un tantinet attachants, au point que je ne regarderai plus jamais un plateau de fruits de mer de la même manière à présent.
Note 16/20 : "TA-BAR-NAK ! Qu’les marins d’eau douce passent leur ch’min"
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