Après avoir été repoussé depuis février dernier par manque d’un éditeur, c’est finalement via "bitComposer Games" que nous est dévoilé ici une petite perle venue du studio indépendant "Logic Artists", basé à Copenhague. Il s’agit d’"Expeditions : Conquistador", qui a le mérite de nous proposer une période historique très peu exploitée (la Conquista) ainsi qu’un subtil mélange de stratégie, de jeu de rôle, et également de gestion. C’était un défi osé, et l’on peut dire que les développeurs ne se sont pas moqués de nous.
Tout d’abord, un retour en arrière. Je suppose que vous connaissez Christophe Colomb... Année importante, tournant dans l’histoire, c’est en 1492, date de l’accostage de cet explorateur italien aux Amériques (oui oui, il n’est pas espagnol), que débuta la colonisation européenne sur ce continent. Menée par les conquistadors, cette période est appelée la Conquista. Et c’est de cette période dont il est question dans "Expeditions : Conquistador". Vous arrivez ici sur Hispaniola, une île des Caraïbes, dans le but de faire fortune. Malheureusement, le gouverneur du coin a d’autres projets pour vous. Il vous fait chanter en confisquant votre bateau et votre équipage pour vous soumettre à sa volonté. Il veut étendre sa colonie et écarter tous les rebelles de l’île et vous n’avez par conséquent que la possibilité de l’aider dans sa tâche.
Vous incarnez donc un (ou « une ») conquistador et devez en premier lieu vous attribuer quelques points de talents, à la manière d’un RPG. L’évolution de votre personnage se fera selon vos envies et en fonction de la personnalité que vous lui attribuerez. Ensuite, il vous faut désigner les membres de votre équipe. Au choix parmi les docteurs, soldats, éclaireurs, savants, et chasseurs, vous devrez faire attention à leurs caractéristiques. En effet, chacun d’eux possède trois traits de caractère différents, bons ou moins bons (pour ne pas dire mauvais). Que ce soit curieux, prudent, courageux, agressif, altruiste, narcissique et bien d’autres, vos choix s’avèreront cruciaux car un bon nombre de décisions importantes vous attendent et le caractère de vos membres aura un impact sur celles-ci. En clair, si vous optez pour un équipage plus « diplomate » vous aurez des choix d’actions qui ne seraient pas disponibles si vous préférez une équipe plus agressive. Le jeu offre une narration de qualité qui nous permet de faire des choix ayant un impact réel sur l’histoire et les évènements futurs.
Les premiers pas sur l’île sont accompagnés d’un tutoriel clair et complet. Ainsi, vous serez vite mis à l’aise que vous soyez habitué du genre ou non, d’autant que l’interface est très bien pensée et intuitive. Une fois amené à sortir de la ville de départ, les choses sérieuses commencent. Vous découvrez alors une carte à parcourir en dépensant des points de déplacement. Une fois ces points épuisés, il vous faut établir un campement pour passer dormir. Pendant la nuit, des évènements se produiront, que vous le vouliez ou non. Alors autant s’y préparer et distribuer des tâches aux membres du groupe telles que monter la garde, patrouiller, chasser, concocter des produits médicinaux, préparer des pièges pour les combats ou découvrir de nouvelles technologies. A vous de les répartir en adéquation avec l’endroit où vous passez la nuit. La jungle étant un endroit hostile, autant préférer plus de patrouilleurs et de gardes, alors que sur un chemin balisé libre à vous de développer de nouveaux pièges ou de nouveaux soins. Néanmoins, vous aurez parfois la mauvaise surprise d’avoir été pillé par exemple. Les ressources utiles sont les rations, les équipements, les produits médicinaux et bien évidemment les pièces d’or et toutes peuvent voir leur chiffre diminuer le lendemain matin. C’est un risque, mais pas un passage obligé bien sûr, cela dépendra principalement de l’expérience de vos gardes et de leur équipement. Si toutefois l’une de vos ressources se faisait plus rare, un système de commerce très simple est présent sous forme de troc. Ce que vous avez en plus grande quantité peut être échangé contre un élément qui commencerait à manquer.
Parlons maintenant des combats qui nous entraînent dans un jeu de stratégie au tour par tour. Vous devez choisir jusqu’à six personnages, et leur distribuer de l’équipement afin de renforcer leur défense ou améliorer leur attaque, par exemple. Les protagonistes désignés auront leurs compétences propres, ainsi un chasseur sera à l’aise de loin avec un arc mais faiblard en mêlée, alors qu’un soldat sera le roi du corps-à-corps, et un soigneur ne pourra espérer survivre qu’en s’éloignant des ennemis. Vous devrez déplacer vos compagnons en veillant à tout en sachant qu’un arbre peut vous cacher et donc réduire les chances de l’ennemi de vous toucher de loin. Aussi, en fin stratège que vous êtes, vous pourrez encercler un ennemi, ce qui permettrait alors d’accroitre les dégâts que vous faites à cet opposant. Attention toutefois à l’« attaque d’opportunité » qui octroie au personnage qui ne se déplace pas d’infliger un coup gratuit à celui qui passait par là juste à côté. Autant de petits plus qui rendent les combats intéressants et dynamiques.
On peut donc dire que les développeurs danois ont réalisé un coup de maître en réunissant en un seul titre un mélange de genres. Mais pas seulement, car E:C est immersif de par sa trame principale, ses quêtes annexes, et la liberté d’action, aussi bien pour l’exploration que pour les choix moraux. L’histoire est attirante grâce à une narration exemplaire et une époque qui donne un air de nouveauté. Graphismes et ambiance sonore sont également de la partie pour nous inviter à voyager dans cette merveille vidéo-ludique. Décidément, les studios indépendants sont en forme ces temps-ci...
Note globale : 18/20