Sorti en Europe le 22 juillet 2011, "Supreme Ruler : Cold War" est un wargame très attendu. Développé par Battlegoat studio et édité par Paradox interactive, c’est un nouvel épisode des Supreme Ruler, une série de jeux de stratégie qui est déjà bien établie et appréciée des amoureux du style, sa sortie a du faire des heureux, surtout que le couple Paradox et Battlegoat a déjà fait des émules avec ses précédents épisodes.
Ces temps obscurs s’appelaient "la guerre froide"
Eh oui, comme son nom l’indique ce jeu prend place pendant la guerre froide (cold war). A la fin de la seconde guerre mondiale, l’URSS était alliée avec les démocraties occidentales, ce qui a permis de vaincre rapidement l’Allemagne pourtant toute puissante en Europe. De nombreuses divergences économiques et politiques menèrent à la dissolution de cette alliance. Certains pays libérés par l’URSS se retrouvèrent avec une force d’occupation agressive sur leur sol. En 1946, un rideau de fer s’abattait sur l’Europe, de Stettin sur la baltique à Trieste en adriatique. L’URSS devient donc un ennemi, elle espionna l’ouest, élimina certains gouvernements indépendants et Staline apporta son soutien aux révolutions communistes. Dans cette forte période de décolonisation, beaucoup de pays pauvres deviennent communiste, le communisme étant sensé donner le pouvoir aux travailleurs. Mais cette rivalité USA / URSS a aussi du bon, pour la recherche aérospatiale et surtout pour l’armement (bombe à hydrogène par exemple). Le jeu prend place en 1949. Mao est installé en Chine et le communisme bien ancré à l’est. La tension est alors très forte au vu des lourds armements possédés par les forces en rivalités.
Les modes de jeu
Si vous choisissez de vous faire une petite partie en solo vous aurez trois modes :
Campagne : vous dirigez au choix les USA ou l’URSS et traversez les conflits pour arriver au final à la domination mondiale.
Bac à sable : Vous jouez un pays au choix parmi les 83 proposés et tentez d’influencer le conflit à votre manière, vous pouvez aussi tenter d’atteindre un objectif que vous vous êtes fixé.
Scénario : choisissez un scenario prédéfini parmi une liste, la partie se focalisera sur certains événements, elle durera moins longtemps mais sera toute aussi haletante.
Vous pouvez bien sûr jouer en multi (local ou internet) jusqu’à 16 joueurs avec la possibilité d’héberger une partie. Votre profil de joueur vous permettra de sélectionner votre tendance politique (libéral, modéré, conservateur). Il sera valable pour tous les modes.
Et le jeu dans tout ça ?
Ce soft est très complet et très complexe aussi. Vous ne le prendrez pas en main en trois minutes vite fait. Il est non seulement très fidèle historiquement, mais pousse très loin la stratégie et la complexité des actions, ainsi que les conséquences qui en découlent.
Vous êtes un président et il va falloir assumer. Un indicateur en haut à droite de l’écran (sphère d’influence) représente l’influence de votre camp sur le monde, ainsi que l’influence adverse. La moindre action a des répercussions sur cette sphère. Rien que le modèle économique rend ce soft radicalement diffèrent et très poussé.
Ici vous devez contrôler 11 matières premières (agriculture, eau, bois, pétrole/gaz, charbon, matériel militaire, minerai, uranium, électricité, biens de consommations, produits industriels). Vous ne trouverez pas tout sur votre propre sol, vous ne pourrez donc pas vous auto suffire. La répartition géographique des matières suit celle de la réalité. Vous devrez donc faire du commerce ou passer des traités avec d’autres pays pour faire des échanges. Les matières premières sont étroitement liées entre elles, par exemple : si vous n’avez pas de charbon vous ne produirez pas d’électricité donc vous ne pourrez pas faire tourner vos usines de produits industriels et de matériel militaire ou de biens de consommations. Ce type de schéma peut avoir pour conséquence de voir vos unités ne plus avancer sur le terrain ou ne plus les voir tirer, sans compter le mécontentement de la population.
Le système de marché mondial est lui aussi très présent dans l’économie. Vous pourrez vendre et acheter n’importe quand que ce soit pour faire du bénéfice ou pour sauver le pays de la pénurie mais attention aux prix qui varient régulièrement. Je passe sur les taxes, les programmes sociaux et financiers de votre pays, qui sont eux aussi déterminants pour le bien être de votre société. L’état de votre économie vous est donné par votre PIB/Habitant.
D’autres choses intéressantes ?
Pour ne pas trop m’éterniser, je vais énumérer des points qui méritent de l’être de par leurs intérêt :
Il y a la recherche qui est très importante et dans tous les domaines (médecine, armement, politique, social …), surtout la recherche spatiale, très importante pendant la cold war. L’espionnage (ça parle de soi). La diplomatie qui vous permet de passer des traités. Le modèles d’approvisionnement qui vous obligent à approvisionner vos unités, car les zones conquises ne produisent pas immédiatement, et si pas d’appro pas de guerre. La furtivité qui oblige à faire de la reconnaissance pour l’attaque ou la défense. Le grand choix d’unité et d’armement qui renforce le coté tactique (surtout le grand choix de missile). La foule d’indicateurs en tout genre qui vous renseigne sur votre pays et sur les autres. Les ministres
Un petit aparté sur les ministres.
Il est sûr que si vous vous deviez gérer tout ça en permanence cela serait vraiment très compliqué, voire même impossible. Heureusement, vous avez des ministères et des ministres. Mais attention ils ne sont pas là pour tout faire à votre place. Ils peuvent proposer des idées ou des réactions, mais en demandant votre accord et en suivant votre alignement de profil (de manière très intuitive d’ailleurs). C’est pourquoi il est important de bien lire tous les messages vous arrivant, et de bien penser les bases pour faciliter leur travail. Si vous omettez sciemment de gérer un poste, ils le feront pas vous, ils sont un très bon soutien pour les petits oublis (volontaires ou non) et permettent d’être plus concentré en cas de guerre (surtout nucléaire).
On combat un peu quand même ?
Encore heureux !! LOL. Quoi que pas forcement obligatoire le combat reste tout à fait jubilatoire. Et pour tous les éléments cités plus haut le combat est très stratégique et ne se limite pas à deux unités qui tirent trois missiles. Si votre préparation est mal effectuée et bien vous serez pulvérisés ou vous ferez du surplace. Il ne faut pas s’ôter le plaisir de voir Cuba ou la RDA pris par les Américains ou encore la Corée du nord prise par le sud.
Je fais ce que je veux, c’est ma guerre !
En résumé, c’est à peu près ça (même si cela ressemble à une réplique de Bush). C’est votre pays et votre guerre, vous contrôlez tout, et de façon très fine. Cela relève d’une sacrée force mentale et d’une certaine habitude des Wargames. Il est certain que c’est le meilleur épisode de la série, et même un des meilleurs wargames depuis longtemps (Le meilleur peut-être, qui sait). Cependant, il est sûr que si vous désirez commencer votre incursion dans le monde du wargame par celui-ci, cela pourrait être compliqué. Quoi qu’il en soit, les habitués feraient bien de s’attarder un peu sur le manuel, drôlement bien fait et des plus instructifs.
Je finirais par les musiques et bruitages qui sont très bien accordées, même si fort de votre concentration vous les oublierez un peu.
Graphiquement, le soft reste très joli pour ce type de jeu, même très lisse, et il ne s’avère pas trop gourmand.
Supreme Ruler : Cold War est donc une merveilleuse réussite et on peut dire merci à Battlegoat et à Paradox Interactive. On en veut encore d’autres des comme ça. Ce soft deviendra un incontournable, je l’espère, car il le mérite.
Un bon 18/20 pour ne pas faire trop de jaloux.