Si Two Worlds II figure en bonne place sur votre liste au Père Noël, c’est que vous êtes sûrement tombé sous le charme du royaume d’Antaloor dans le premier opus de la saga, paru il y a trois ans déjà. Dans cette aventure originale, le joueur incarnait un chasseur primes à la recherche de sa soeur, Kyra, mystérieusement disparue.
En cet automne 2010, les développeurs polonais des studios Reality Pump remettent le couvert et nous replongent dans le même univers fantastico-médiéval, où sévit une guerre contre les Orcs.
Two Worlds n’avait pas convaincu. Qu’en est-il de Two Worlds II ?
Scénario
Cinq années ont passé.
Le héros et sa soeur, enfin retrouvée, ont été capturés par les hommes de Gandohar et croupissent dans les ruines d’Oswaroth. Le tyran souhaite mettre la main sur le pouvoir du dieu Aziraal, dont Kyra détient la clé.
Alors que la jeune fille est sous l’emprise de Gandohar, son frère est libéré, contre toute attente, par une bande d’Orcs, à la tête de laquelle se trouve Dar Pha, une femme à moitié Orc.
Les territoires de l’est du royaume d’Antaloor vont être le terrain de quêtes et d’actes de bravoure, en vue de sauver Kyra, promise au sacrifice.
Gameplay
Two Worlds est un pur RPG, mêlé d’aventure, avec un système de quêtes complexe, enrichi par des missions secondaires et une évolution perpétuelle du héros.
Le jeu commence par la traditionnelle et rapide création de l’avatar. Cette fois encore, la personnalisation du héros se limite à son apparence. Ce n’est qu’au fil de l’aventure et des compétences renforcées par le joueur que le personnage va se définir : guerrier, mage, assassin ?
Disposant des capacités de base pour devenir l’un ou l’autre, il aura recours à une pléiade d’attaques et de défenses, d’armes, de sorts et d’astuces, qui mettront à mal des adversaires peu rusés.
A la fin de chaque niveau, le joueur a la possibilité d’utiliser les points gagnés dans les domaines de compétences de son choix : artisanat, endurance, combat rapproché, combat à distance, magie, furtivité, dextérité, ... Mais ce n’est pas tout ! Le joueur peut piocher dans l’inventaire pour créer ses propres sorts en mélangeant les ingrédients ou encore démonter des objets pour en fabriquer de nouveaux. Ce nouveau système d’artisanat apparaît dans la saga, en lieu et place de la classique fusion de plusieurs équipements. Casser un item, pour en récupérer des morceaux et les associer à d’autres pièces, est un élément de gameplay bien pensé et plutôt original, qui permet à l’imagination du joueur de s’exprimer. Les plus pointilleux déploreront cependant qu’aucune forge ou outil ne soit nécessaire à ces phases de bricolage.
Ajoutez à cela la possibilité de sertir bijoux ou amulettes de cristaux magiques, et vous obtenez un redoutable guerrier, doté de pouvoirs plus variés et puissants les uns que les autres.
L’évolution du personnage et sa montée en puissance, face à l’adversité, est sans aucun doute l’aspect le plus passionnant et le plus abouti du jeu.
La mission du héros de Two Worlds 2, agrémentée de quêtes annexes, le mènera à explorer les quatre îles qui composent le royaume. A pied, à la nage, à cheval ou en bateau, le voilà lancé à la rescousse de Kyra, dont les heures sont comptées.
Si la trame principale du jeu ne se révèle, au final, pas très passionnante, certaines missions secondaires se détachent singulièrement du lot. Inspirées et bien écrites, ponctuées de clins d’oeil, elles occupent une large partie du temps de jeu.
Entre deux quêtes et l’amélioration de la réputation, il vous faudra aussi penser à renflouer la bourse de votre personnage. Pour ce faire, vous pourrez vous adonner à quelques vocalises, gratifiées par les pièces des passants qui tomberont sous le charme de vos chansonnettes, ou à quelques parties de dés.
En plus du mode Histoire, que vous effectuerez en solo durant une bonne vingtaine d’heures, vous pourrez vous lancer à la découverte du riche et complet multijoueur.
Cette fois, les options de personnalisation vous permettront d’assigner à votre héros une race et une classe, et de le rallier à une ville où il interagira avec d’autres joueurs. A vous ensuite de choisir le mode qui vous inspirera le plus. L’Aventure vous invitera à vous lancer dans des quêtes, en coopération avec 7 autres joueurs maximum. La Chasse aux Cristaux vous plongera dans une lutte acharnée, équipe contre équipe, où vous devrez ramasser le plus grand nombre de cristaux. Deathmatch et Duel, de leur côté, vous donneront l’occasion de vous mesurer à d’autres joueurs. Enfin, le mode Village vous mettra à la tête d’une communauté, que vous devrez gérer au mieux et que l’on pourra visiter.
Jouabilité
Les mécaniques proposées par Two Worlds 2 font de lui un jeu au long cours, riche et complet, aux multiples possibilités. Malheureusement, dans la pratique, l’aventure se révèle plus poussive et les combats entravés par une gestion de la caméra rapprochée déstabilisante.
Evoquons aussi l’assignation de plusieurs fonctions à une seule commande ou combinaison de commandes. Quelle drôle d’idée ! Dès lors, il arrivera que votre héros se lancera dans une course effrénée à la vue de tous au lieu de se déplacer en toute discrétion, montera à cheval au lieu d’interagir avec un personnage. On s’emmêle les pinceaux et c’est, vraiment, rageant !
D’autre part, si le héros profite des compétences assignées tant à un mage qu’à un assassin, sa liberté d’action et de combinaison a été restreinte. De ce fait, certaines armes ne peuvent pas/plus être utilisées une fois un certain niveau d’archétype atteint ou sans un objet particulier en main.
L’interface, elle non plus, n’est pas exempte de reproches. Les menus, réussite de l’opus précédent, ont été modifiés et on se demande bien pourquoi. Ainsi, par exemple, pour faire le tri dans vos items, il vous faudra les déplacer un à un, d’une pile à l’autre. Rébarbatif...
Enfin, que dire d’Eikronas ? L’île la plus étendue et la plus prometteuse du royaume d’Antaloor se révèle étrangement rapide à visiter. Manque de contenu ? DLC à venir ? On se le demande...
Graphismes
Two Worlds 2 permet d’explorer encore plus en profondeur le royaume d’Antaloor. La richesse et la variété des paysages des différents territoires sont un régal pour les yeux : le héros peut ainsi passer d’une ville médiévale à une savane, des marécages à une forêt ou à une cité orientale.
Si quelques textures et effets de flou viennent entacher la beauté et le détail des graphismes, c’est surtout au niveau de l’animation que le jeu déçoit. Les mouvements des personnages manquent de dynamisme et, pire encore, ceux-ci semblent avoir développé l’incroyable faculté de ramasser des objets sans se baisser.
Sons
Comme bon nombre de réalisations vidéo-ludiques, le jeu offre un background musical sympathique mais un doublage français à se taper la tête contre les murs : mauvais, sans la moindre conviction, proche du ridicule.
Les familiers de la langue de Shakespeare ont donc tout intérêt à passer en version originale. Les autres pourront éventuellement faire de même, en s’aidant des sous-titres, pas forcément mieux réussis entre fautes d’orthographe et erreurs de traduction.
Conclusion
Malgré ses défauts, Two Worlds 2 se révèle meilleur que son prédécesseur. Le titre propose une évolution de personnage passionnante, au milieu de décors riches et variés. Si l’histoire principale ne casse pas trois pattes à un canard et si le jeu se révèle moins ouvert que prévu, sa durée de vie et les nombreux modes multijoueurs permettent d’expérimenter des mécaniques de jeu plus qu’intéressantes. Restent ses maudites approximations techniques, cette jouabilité bancale et ce foutu doublage.
On attend avec une curiosité et un intérêt non-feints un éventuel troisième volet de la saga.
Note : 13/20
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